L’héritage empoisonné au Cambodge, l’un des pays les plus minés au monde

Le nombre de victimes des mines terrestres au Cambodge augmente de plus de 40 % en 2019 selon l’Autorité cambodgienne de lutte antimines (CMAA).

Par rapport à la même période l’année précédente en 2018, il s’agit d’une augmentation de 42 %. En 2018, plus de 50 victimes avaient été recensées, dont 8 décès, 31 blessés et 11 amputations.

Le Cambodge est un pays encore pollué par des mines antipersonnel enfouies là lors de conflits lointains. Notamment au Laos aussi, le voisin du Nord.

Le Cambodge figure au palmarès des pays qui possèdent le plus d’engins explosifs sur leur territoire. (Selon Observatoire des mines)

Les pays où les mines antipersonnel font le plus de victimes.
Photo : Radio-Canada / Carto

En 2019 c’est plus de 36 000 mines et engins explosifs ont été détruits au Cambodge en 2019. Depuis 1992, plus de 500 000 mines antipersonnel ont été détruites par le CMAC (Le Cambodian Mine Action Centre).

Les pays où se trouve le plus de mine antipersonnel et d’engins explosifs (plus de 100 kilomètres carrés) Selon Observatoire des mines :

– Afghanistan
– Angola
– Azerbaïdjan
– Bosnie-Herzégovine
– Cambodge (!)
– Tchad
– Croatie
– Irak
– Sahara occidental
– Thaïlande
– Turquie

Les bombes à sous-munitions sont des petites bombes regroupées par dizaines ou par centaines dans un conteneur.

Entre 5 et 40% de ces mini-bombes n’explosent pas à l’impact au sol et se transforment de fait en mines antipersonnel.

En Asie du Sud-Est notamment au Cambodge, pendant la guerre du Vietnam, les Américains ont largué des millions de ces bombes à sous-munitions au Cambodge, au Laos et au Vietnam.

Ces « outils », utilisés en temps de guerre, ces armes sont enfouies dans le sol et explosent quand on marche dessus : le problème est qu’elles restent dangereuses des années après avoir été activées !

Une mine terrestre est une charge explosive conçue et placée de façon à être déclenchée, par l’action involontaire de l’ennemi, au passage de personnes ou de véhicules.

Les civils qui vivent en zone de conflits ou d’après-conflits comme au Cambodge doivent se méfier de différents types d’engins explosifs :

– Mines antipersonnel : mines terrestres posées ou enfouies dans le sol, parfois larguées par un avion, qui explosent sous la pression d’un pas.

– Mines antichar : mines terrestres aux charges plus puissantes que les antipersonnel

– Engins explosifs improvisés : des bombes artisanales, de plus en plus utilisées, notamment en Afghanistan et par les groupes non étatiques

– Restes explosifs de guerre : munitions explosives laissées sur le terrain à la fin des affrontements (grenades, mortiers, obus, roquettes bombes à fragmentation)

– Armes à sous-munitions : chaque arme est une coquille qui peut contenir des centaines de bombes. Ces armes sont larguées par un avion ou projetées à partir du sol. Elles explosent dans les airs et les centaines de bombes qu’elles contiennent se répandent sur la terre.

D’où viennent ces mines explosives?

Victime de bombardements intensifs durant la guerre du Vietnam, miné ensuite par des guerres civiles intestines pendant des décennies, le sol cambodgien regorge de ces souvenirs mortels qui tuent encore aujourd’hui.

Selon les estimations, il resterait encore plusieurs millions d’engins non-explosés à travers le pays.

Victime de son histoire troublée, la population cambodgienne paie encore aujourd’hui le prix de la folie de la guerre des années 70.

Les mines au Cambodge ont été posées durant plusieurs périodes différentes.

Avant et durant la période des Khmers Rouges entre 1970 à 1975. La pose a continué durant toute la période jusqu’à la « libération de Phnom Penh » en 1978 par l’armée vietnamienne.

La Thaïlande, voisin de l’OUEST du Cambodge aurait également fait usage de mine explosif afin de stopper l’afflux de réfugiés cambodgiens fuyant les Khmers rouges dès 1979.

Par le suite, le gouvernement mis en place par le Vietnam au début des années 80 a lui aussi posé des mines à cette frontière afin d’isoler et affaiblir les derniers bastions khmers rouges.

De plus le « l’ingéniosité » des producteurs de mines les a rendues insensibles à l’épreuve du temps. Arme à retardement, une mine peut encore tuer 150 ans après sa pose.

Mines anti-personnel, bombes à sous-munition, obus non-explosés, les termes varient mais la menace et le danger reste la même.

Il faudra attendre en 1998 et la reddition des derniers rebelles khmers rouges, avant d’entamer la véritable reconstruction de ce pays détruit et ravagé après plus de 20 ans de guerre.

Le pays survit grâce aux aides internationales.

Des campagnes de déminage commencent à voir le jour après la guerre mais ils nécessitent énormément de temps et d’investissement financier.

Aujourd’hui, les programmes de déminage sont toujours en cours.

L’économie est sinistrée par des décennies de conflits. Le pays survit grâce aux aides internationales. Des programmes de déminage commencent à voir le jour mais ils nécessitent énormément de temps et d’investissement financier.

Impact économique et social

Le fait que les campagnes et certaines zones du Cambodge soient minées freine considérablement la relance économique du pays.

En effet, surnommé arme « aveugle » par excellence, les mines frappent indifféremment soldats, civils et bétail.

Impossible de cultiver dans ces conditions.

De même, le dénuement économique pousse des villageois à récupérer le métal des engins non-explosés afin de le revendre.

Aujourd’hui le Cambodge semble s’engager sur une voie pacifique.

Campagne de déminage Cambodge

Le ratio minage/déminage s’est enfin inversé. Reste à espérer que les tensions frontalières avec la Thaïlande ou le Vietnam ne viendront pas, à nouveau, renverser le cours de choses.

Depuis les Accords de Paix de Paris signé en 1991, grâce aux dons de la communauté internationale, aux Nations unies et aux différents organismes de développement, les autorités ont pu déminer une grande partie des terres concernées.

Depuis 1992, c’est plus de 1 910 kilomètres carrés ont été déminés.

Ces actions ont permis de faire disparaître plus d’un million de mines antipersonnel, 25 153 mines antichars et environ plus de 3 millions de munitions non explosées en tout genre.

Ces sols aujourd’hui sûrs ont ouvert la voie à des usages productifs et à des possibilités économiques. Des milliers de résidents vulnérables et à faible revenu ont ainsi pu bénéficier de ce développement.

 Le gouvernement s’est engagé à faire du Cambodge un pays sans mine d’ici 2025. Nous espérons de tout cœur qu’à partir de 2026, aucun Cambodgien ne sera tué ou blessé par des mines terrestres   a déclaré M. Thuch, vice-président de la CMAA.

Il a ajouté que pour y parvenir, un engagement ferme de la part des partenaires internationaux, du gouvernement, du secteur privé et de la population demeurait indispensable.

40 ans après sa création dans les camps de réfugiés cambodgiens en Thaïlande, Handicap International continue d’accompagner les Cambodgiens les plus vulnérables, et parmi eux, des milliers de survivants de mines et restes explosifs de guerre.

Handicap International a mené d’importants projets pour lutter contre les mines, les bombes à sous-munitions (BASM) et restes explosifs de guerre au Cambodge.

En 1992, une recrudescence des accidents par mines, liée au retour de 375 000 réfugiés cambodgiens, a alarmé l’association.

Révoltée par l’absence de réponse, Handicap International a mené des activités de formation de démineurs cambodgiens, des activités de déminage des terres polluées, et de sensibilisation des villageois aux risques des mines et restes explosifs de guerre.

De 1993 à 2011, Handicap International et le CMAC (Cambodian Mine Action Centre) déminent ainsi 330 km² de terres, soit les deux tiers de la surface totale dépolluée dans le pays.

Depuis le Traité d’Ottawa en 1999, presque tous les pays du monde se sont engagés à ne plus utiliser ces armes.

Les 3 et 4 décembre 1997, le Traité d’Ottawa interdisant les mines antipersonnel était signé, marquant une victoire diplomatique sans précédent dans la lutte contre les « armes des lâches ». … Le Traité a été ouvert à signature les 3 et 4 décembre 1997 à Ottawa. Il est entré en vigueur le 1er mars 1999.

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