Le côté obscur de certains orphelinats au Cambodge

Le Cambodge, pour une population de plus 16 millions d’habitants, est l’un des pays comptant le plus d’orphelinats au monde.

Avant de commencer, il faut savoir que le milieu des ONG n’est pas très clean et c’est un business très juteux, mais il existe aussi des organisations/ associations qui bossent vraiment bien. Se tenir informé éviterait certaines dérives et les condamner toutes ne serait pas pertinent non plus.

Le trafic d’enfant à l’adoption est très présent dans les pays en développement notamment en Asie du Sud-Est.

Les parents vivant dans une pauvreté extrême, cibles idéales, sont les proies de trafiquants, leur proposant de l’argent contre un de leur enfant, tout en les rassurant sur les conditions de vie que les enfants pourront avoir ailleurs.

Le Cambodge, comme toute l’Asie du Sud-Est, est rongé par aussi par ce fléau comme la prostitution infantile.

Chaque année des centaines d’enfants sont ainsi arrachés à leurs familles pour devenir des esclaves du sexe

Le Cambodge compte plus d’orphelinats en 2016 qu’en 1979, au sortir de la guerre. Rien que ces 8 dernières années, leur nombre a triplé. Plus de 600 structures ont été dénombrées et le recensement n’est pas terminé En trente ans, le nombre d’orphelins est passé de 7000 à 47000.

Selon l’Unicef, plus 74 % d’entre eux ont des parents. Déjà, entre 2005 et 2010, le nombre d’orphelinats avait bondi de 75 %, passant de 154 à 269, selon un rapport de l’UNICEF publié en 2012. En 2016, en collaboration avec l’UNICEF, le gouvernement cambodgien a recensé plus de 600 orphelinats dans les 5 provinces les plus touristiques du pays.

Bruce Grant, chef de la protection de l’enfance pour l’agence onusienne, confirme une augmentation notable du nombre d’établissements et d’enfants qui y sont hébergés.Il y a pourtant de moins en moins d’orphelins au Cambodge. Après les terribles massacres des Khmers rouges, les besoins étaient immenses.

Mais c’était il y a 35 ans. Peu à peu, le pays a été pacifié, les terres déminées, les cauchemars enterrés. Depuis 15 ans, le tourisme se développe à pas de géant. Ce qui entraîne tout un lot de problèmes. Il y aurait une corrélation très forte entre la montée du tourisme et celle des orphelinats.

Rien qu’à Siem Reap, on peut en compter plus de 80 environ.

Les volontaires étrangers veulent tous ouvrir des orphelinats.

Le mot «orphelin» déclenche l’arrivée massive de l’aide étrangère et des volontaires.

Seulement, il faut les remplir !

Alors, croyant bien faire, ils retirent souvent les enfants aux familles cambodgiennes pauvres, en employant la manipulation, expliquant que c’est mieux, qu’ils ne savent pas s’en occuper.

C’est limite raciste et colonialiste.

Et si on retirait aux Français leurs enfants au seul motif qu’ils sont trop pauvres ? s’interroge Sébastien Marot Directeur exécutif de Friends-International.

«Ils viennent soit se construire un CV, soit se reconstruire parce qu’ils sont dans une mauvaise passe. Charge donc aux enfants étrangers de soigner les problèmes des Occidentaux, déclare le directeur Friends-International.

D’un point de vue marketing, l’orphelinat c’est facile à vendre.

Mais pour que l’argent continue d’affluer, il ne faut pas qu’il soit investi, ce serait casser le produit.

Le bâtiment doit rester pourri et les enfants avoir l’air malheureux. Le phénomène a gagné le Laos, la Thaïlande, la Birmanie.

Le centre Enfants d’Asie ( Orphelinat à Pursat Cambodge)

Au Cambodge, Friends International œuvre à la réintégration des enfants dans les familles, en partenariat avec l’Unicef et le gouvernement.

Depuis 2016 , des orphelinats sont fermés et l’ouverture de nouveaux établissements est gelée.

Des volontaires de Friends-International font des travaux administratifs, des recherches, mènent des enquêtes.

La pauvreté au Cambodge

Malgré ce boum d’orphelinat, le Cambodge reste toujours l’un des pays les plus pauvres d’Asie du Sud-Est. La situation est préoccupante au Cambodge. C’est ce que montrent les études globales dont les résultats paraissent chaque année. À l’indice de l’esclavage, le Cambodge fait partie du top 10.

La croissance économique du Cambodge s’élève à 7% par an.

La classe moyenne se développe et les choses vont plutôt bien pour le pays. Mais tous ne profitent pas de ces progrès.

Les périodes de sécheresse, le surendettement et la pauvreté poussent de plus en plus d’habitants des régions rurales qui forment l’immense majorité des Cambodgiennes et Cambodgiens vers les métropoles dans l’espoir de trouver un emploi.

Mais dans les villes comme la capitale de Phnom Penh, il n’y a pas de travail pour les personnes peu qualifiées venant des campagnes.

La seule issue semble être un emploi à l’étranger, avec l’espoir de percevoir des salaires plus élevés.

Entre 1 et 2 millions de Cambodgiens travaillent actuellement en Thaïlande.

Moins de 10% ont suivi la voie légale.

Les autres ont suivi des trafiquants ou des agences étrangères. Ces migrants illégaux se retrouvent privés de droits, exposés aux caprices de leur patron ou des autorités.

Les gens tentent de trouver des façons de générer des revenus. Le tourisme d’orphelinats en est une, des plus efficaces.

Il exploite le marché florissant de la bonne conscience et du voyage humanitaire, de plus en plus populaire auprès des jeunes Occidentaux.

Il exploite aussi des enfants, arrachés à leurs familles, forcés de se rabattre sur l’affection d’innombrables étrangers venus faire du bénévolat pour quelques semaines, voire quelques heures.

Du coup, un très grand nombre de familles cambodgiennes migrent vers les métropoles dans l’espoir de trouver du travail.

Mais les villes n’ont pas d’emploi pour les personnes peu qualifiées venant des campagnes.

Et ainsi, la spirale de la pauvreté s’accentue.

La pauvreté, le désespoir, les dettes accumulées et l’espoir d’une vie meilleure sont le terreau idéal pour la traite et l’exploitation des êtres humains, surtout lorsque le système juridique est faible.

Les enfants sont particulièrement touchés par ces risques : ils sont vendus à des maisons closes, forcés de travailler ou astreints à la mendicité.

Le côté obscur du «séjour humanitaire» et du volontourisme afin d’accéder à l’enfant exotique, pauvre et malade.

Les compétences demandées pour partir en “mission” avec une agence de volontourisme, souvent il suffit de payer.

Aucune compétence ni aucun diplôme n’est requis.

N’importe qui peut devenir professeur d’anglais pour la semaine, construire un puits ou s’occuper d’enfants handicapés.

Il n’est pas nécessaire d’avoir une formation pédagogique pour s’engager sur leurs missions humanitaires en Afrique : l’engagement et l’affection feront déjà une grande différence, peut-on par un des exemples lire sur le site de Project Abroad.

Pire encore, certaines agences de volontourisme ne demandent même pas d’extrait de casier judiciaire aux volontaires travaillant avec des mineurs.

Des pédophiles en ont malheureusement profité.

Contre à peu près 2000 euros en moyenne les 15 jours, au titre des frais de mission (transport, hébergement, repas, le tout dans un confort rudimentaire qui participe au charme de l’aventure).

Projects Abroad promet par exemple de soigner des lépreux au Ghana ou d’accueillir les primo-arrivants sur les plages italiennes.

On remplace la planche à voile par un réfugié, s’indigne Pierre de Hanscutter, président et fondateur de l’association francophone Service volontaire international (SVI).

Des «missions de volontariat» en «médecine générale», «soins infirmiers», «sage-femme», «santé publique», «soins dentaires», accessibles «même sans qualification médicale» et le tout seulement à partir de 16 ans, insiste le site web de Projects Abroad.

Et si les photos ne suffisaient pas (des jeunes Blancs en blouse et gantés de latex qui prennent des tensions, donnent des médicaments à des nourrissons, etc.), il y a les vidéos.

Par exemple, 2 adolescentes danoises soignent les plaies purulentes de malades au Ghana.

Elles voulaient une première expérience avant de passer le concours de médecine. « Se faire la main », en quelque sorte. Leur meilleur souvenir ?

Un accouchement compliqué, c’était «extraordinaire», «du sang partout». Au Pérou, une fille fait des points de suture, ravie : «Ça donne confiance en soi.»

En Tanzanie, un garçon anglais, stéthoscope autour du cou, briefe des infirmières noires, regarde les radios, feuillette des dossiers.

Au Mexique, une Suissesse enjouée enseigne le français à l’université. 3 classes. Les élèves sont plus vieux qu’elle, pas trop dur ? «Il suffit d’être motivée, d’avoir envie d’enseigner et d’être de bonne humeur.

De nombreuse personnes se retrouvent alors «inquiet» et «révolté» par les dégâts sanitaires causés sur place dans les pays en questions notamment au Cambodge et «l’exploitation cynique des bonnes volontés».

Le SVI regrette le silence de l’ordre des médecins en France. «Dire à un jeune Blanc que même s’il n’a que le bac, il aura toujours un niveau supérieur aux professeurs et médecins locaux, c’est du racisme positif. Il faut lui remettre les pieds sur terre, on ne l’attend pas pour sauver l’Afrique, même si c’est sympa, même si ça fait rêver.

Projects Abroad est le leader du tourisme humanitaire. Un ensemble de structures appartenant à une holding domiciliée en Angleterre, Beech View Holdings Limited. La multinationale, arrivée sur le marché hexagonal voilà dix ans, n’a rien d’une ONG, si ce n’est le champ lexical.

Plus de 600 cents salariés, près de deux cents programmes, des dizaines de milliers de volontaires-clients dont les deux tiers ont moins de 30 ans.

Son bénéfice net, en constante augmentation, s’élevait à 1,7 million de livres en 2012 (2 millions d’euros).

Contacté par les medias, Projects Abroad n’a pas donné suite depuis.

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