Pourquoi certains Français pensent mieux connaître le Cambodge que les Cambodgiens eux-mêmes

Portrait d’un homme khmer, la bouche cachée par une main blanche, avec son doigt posé devant ses lèvres en signe de silence, illustrant le refus d’écoute envers les voix cambodgiennes.
Quand la parole des Khmers est couverte par d’autres voix, notre histoire se retrouve réduite au silence.

Dans de nombreuses diasporas, un phénomène revient souvent. Des personnes, généralement occidentales, s’expriment comme si elles connaissaient mieux l’histoire, la culture et la réalité d’un pays que celles et ceux qui en sont originaires. La communauté khmère n’y échappe pas. Beaucoup de Cambodgiens et de Franco-Khmer se retrouvent régulièrement face à ce décalage.

Pourquoi ce comportement existe encore aujourd’hui ?

Un héritage colonial qui marque encore les mentalités

Durant la période coloniale, la France a construit l’idée que sa vision était supérieure, plus rationnelle, plus fiable. Ce schéma a circulé dans l’enseignement, les récits historiques et les représentations culturelles.

Même si beaucoup de Français ne se sentent pas concernés par le colonialisme, certains réflexes persistent. Cela donne parfois l’impression que leur parole aurait plus de valeur que celle des peuples concernés.

Une compréhension souvent basée sur des clichés

Une grande partie de ce que certains Français connaissent du Cambodge vient de documentaires, de voyages touristiques ou de récits occidentaux.

Ils voient le pays à travers un filtre qui simplifie tout.

Un temple, un plat, une image… et ils pensent avoir compris un peuple, un passé et une identité qui sont en réalité très profonds et très complexes.

La surestimation de l’expérience personnelle

Beaucoup pensent que quelques mois de voyage, un séjour humanitaire ou une installation temporaire suffisent à maîtriser une culture.

Mais connaître un pays, ce n’est pas seulement y vivre.

C’est en porter l’histoire, les valeurs, les blessures, les nuances, la mémoire familiale. C’est quelque chose qu’aucun séjour ne peut remplacer.

Le réflexe occidental de se positionner en « expert »

Dans plusieurs sociétés occidentales, on valorise fortement la prise de parole, même sans maîtrise réelle du sujet.

Certains s’habituent à l’idée que leur point de vue est neutre, objectif et souvent supérieur.

Quand ils parlent d’un pays comme le Cambodge, ils projettent cette habitude, parfois sans mauvaise intention, mais avec un impact réel.

Un manque d’écoute envers les communautés concernées

Il arrive que certains préfèrent défendre la version qu’ils connaissent, plutôt que d’écouter les personnes issues du pays.

Cela peut venir d’ego, de confiance excessive, ou simplement d’un manque de sensibilité culturelle.

Pour la diaspora khmère, c’est souvent blessant, car cela efface notre vécu, notre légitimité et notre histoire.

Conclusion

Les Cambodgiens et les Franco-Khmer ont une connaissance de leur pays enracinée dans l’histoire, la mémoire, la langue, la famille et l’expérience.

Aucune lecture ou voyage ne peut remplacer cela.

Parler du Cambodge demande surtout de l’humilité et de l’écoute.

Mettre en avant la parole des personnes directement concernées est essentiel pour rétablir un équilibre qui a longtemps été déséquilibré par l’histoire.

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